LA PEUR DU REJET :
Il me semble que la vie d’un humain moderne tourne surtout autour de ses peurs, et ce depuis le début de sa vie, celles-lui ne lui rendent pas toujours service, bien au contraire et il ne peut s’arrêter de penser, d’y penser. Il va aborder la vie quotidienne et les autres gens en ayant en lui un fond de méfiance de tout ce qui est et ainsi se voir influencé dans le mauvais sens dans toutes les sphères de sa vie. Ce fond méfiance est le ciment qui scelle les murs de sa prison car il est écouté, comme un conseiller en qui il aurait toute sa confiance mais qui ne remplirait son rôle uniquement parce qu’il tire les avantages en cela de sa propre subsistance. Si ce fond de méfiance ne lui apparaît plus comme crédible, ce dernier va perdre son influence et disparaitre de ses pensées.
Son cerveau a les capacités de lui faire se projeter des scénarios futurs et potentiels, il peut façonner sa vie à l’avance sans avoir à fournir d’efforts; mais il ternit toutes ses belles facultés en se laissant entrainer à suivre ce que sa peur lui suggère de penser.
À l’aube d’une relation qu’il aura perçut comme agréable, favorable à son bien-être, une relation où il lui semble qu’il va trouver en l’autre quelque chose de bien à ajouter à sa vie, afin d’accéder à un stade de positivité supérieur. Il va se sentir attiré par cette relation, par cette personne car elle représente pour lui une forme de comblement du manque qu’il le possède, il a l’impression qu’il se sentira plus complet avec cette personne, il va commencer à être attiré par ce que cet autre représente pour lui et va créer une envie. Il va avoir envie d’être dans cette vie où il se projette avec l’autre, à l’avance, il se sent bien à y penser, ces pensées vont lui apporter la motivation nécessaire pour qu’il décide de bouger. Il a crée de belles affinités dans sa tête et ressent l’autre comme une valeur à sa vie, plus les choses avancent et plus cette valeur devient un essentiel, ce qui change le statut des ressentis qu’il a pour l’autre, il va faire d’un projet un absolu, tout cela avec des pensées.
Il ressent au fond de lui qu’il va falloir qu’il bouge pour que les choses se fassent, il doit sortir de sa solitude intérieur pour affronter ce qui lui parait dorénavant comme son saint Graal, il met une valeur considérable au fait qu’il doive être en relation avec cette personne. C’est en pensant comme cela qu’il fait en sorte de dévaloriser la vie qu’il a actuellement, en se disant qu’il serait aux anges en accédant à cette relation, il se passe le message qu’il ne l’est pas pour l’instant. Il se fait l’insatisfaction de ce qu’il vit en idéalisant une vie de pensées avec cette autre personne, c’est donc cette personne ou rien pour qu’il soit bien dans sa vie.
Ainsi, il va commencer à créer en lui une peur qui va intoxiquer sa démarche, la valeur du potentiel lui parait tellement inestimable qu’elle renvoie au même niveau aussi la puissance d’un éventuel rejet de la part de cette personne; se faire rejeter par elle serait absolument invivable car l’importance qu’il lui a octroyé est extrêmement grande. La sensation de l’éventuel rejet qu’il éprouve dans sa tête l’effraye tellement qu’il va se bloquer de toute action favorable à l’accomplissement de ce qu’il veut le plus au monde à ce jour; pour atténuer l’immense peur qui le possède, il opte pour la plus facile des attitudes qui lui soit donné d’avoir, la fuite. C’est bel et bien en voulant aller vers cette personne qu’il se crée son propre empêchement de le faire, simplement pour éviter l’immense affront que représenterait un rejet de sa personne. Cet affront lui parait tellement intolérable qu’il opte pour l’inaction afin de ne pas avoir à s’y confronter un jour, en ne faisant rien, il se protège de cet éventuel rejet qui lui ferait très mal. Cette attitude tournée vers le manque de courage aura pour conséquence de lui massacrer l’estime qu’il a de lui-même, en effet, son lui intérieur n’étant pas possédé par la peur, car celle-ci est mental, il ne va pas accepter facilement la frustration que son manque d’action aura entrainé. Le mental va à l’encontre du coeur et notre personne se retrouve en total désalignement, elle suit ce qui lui parait le plus facile à suivre pour que l’instant soit tolérable mais elle suit des prérogatives qu’elle imagine et qui sont peut-être fausses.
Ainsi, des hommes, des femmes, totalement possédés par la peur de se faire rejeter restent cloitrés dans leur chez-eux soi-disant sécurisant, à l’abri d’un éventuel amour qui poindrait son nez et qui leur briserait le coeur. Où plutôt devrais-je dire un éventuel amour qui les ferait se projeter dans des situations où ils se feraient rejeter et où il vivraient ça comme un crève-coeur. Ils disent non à la vie car leurs pensées de rejet les obsèdent tant qu’ils se donnent de la souffrance, celle-ci repose uniquement sur des potentialités, ce qui est d’ailleurs la nature de la souffrance. Rien de tout ce qu’ils projette n’est réel, la subjectivité prend une telle place dans leur vie qu’ils ne finissent par ne vivre qu’au travers d’elle, l’objectivité est ce qu’ils vivent en conséquence de la confiance qu’ils accordent à leur pensées, c’est-à-dire à dire, la solitude profonde.
La prison de la peur du rejet se fait bien réelle quand les gens se laissent embobiner par leurs peurs; quand on imagine qu’ils souffrent de la frustration que leur inaction leur procure, et que toute cette vie de souffrance est le fruit du fait qu’ils valident leurs pensées, on ne peut pas s’empêcher de se dire que c’est un grand gâchis.